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WW1 in Alsace - Linge Battle - 63rd Anti Aircraft Regiment - 96th poste semi-fixed

Short extract of an artillery trainning course - by Major BERANGER July, 1949.

L'apparition de la poudre sans fumée conduisit l'ennemi à se disperser et à utiliser les couverts ; de ce fait l'artillerie n'a plus à battre seulement des objectifs visibles et limités, mais surtout à rendre dangereuse des zones larges et profondes où l'ennemi se disperse et n'apparaît que par instants.
Le tir rapide s'impose donc pour saisir cet ennemi fugitif et dilué ; mais, pour y parvenir il est nécessaire de fixer l'affût au sol. Il faut alors, pour lui permettre de résister, interposer entre le tube et l'affût un lien élastique qui répartit l'énergie de recul sur une assez grande longueur et qui ramène en outre le tube en place.

A partir de 1890 de nombreuses tentatives sont faites pour réaliser un lien élastique permettant un ancrage de l'affût dans le sol. Les solutions proposées consistent à utiliser un court recul avec des déformations compliquées (90 Canet, 90 Mourcet) ou simplement à bloquer dans le sol l'affût très rigide par une solide bêche de crosse (75 Ducros).

Aucune de ces solutions médiocres n'était adoptée lorsqu'apparût le premier canon à long recul : le 75 modèle 1897.

En 1892 la Direction de l'Artillerie chargea le Commandant Deport et le Capitaine Sainte-Claire Deville d'étudier un matériel à long recul du tube. Les premiers essais faits avec ce matériel de 90 montrèrent que la solution du long recul était possible mais qu'elle conduisait à une augmentation de poids assez sensible.

Compte tenu de l'augmentation de la puissance due à la cadence rapide permise par le nouveau matériel, on accepta une réduction de calibre de façon à conserver au matériel une grande mobilité et on adopta le calibre de 75.

En 1894 le premier matériel de 75 était réalisé ; il comportait de nombreux perfectionnement dus à Sainte-Claire Deville : frein et récupérateur montés en série, culasse Nordenfeld, hausse indépendante, coulissement sur l'essieu, bouclier, appareil de pointage avec collimateur et goniomètre, cartouche complète, caisson à basculement.

L'étude du frein qui ne donnait pas satisfaction fut reprise et en 1896 on aboutit à un prototype parfaitement réussi. On fit croire aux Allemands que le 75 Ducros à affût rigide lui était bien supérieur et on attendit que l'Allemagne ait sorti un matériel de 77 m/m rigide pour adopter officiellement le 75 modèle 1897.
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Pour garder le secret de la fabrication on avait réalisé l'interchangeabilité des pièces en les définissant par des cotes rigoureuses avec de faibles tolérances d'usinage.

De la sorte on put faire fabriquer les diverses pièces dans des usines différentes et exécuter l'assemblage à Puteaux dans un atelier sévèrement contrôlé.

La réalisation de ce premier matériel à tir rapide et à long recul représente un magnifique succès technique : la souplesse et la perfection de son lien élastique n'ont jamais été égalées.

Malheureusement le caractère exceptionnel de cette réussite conduira l'artillerie française à faire trop confiance à son nouveau canon et, lui demandant tout, à vouloir l'utiliser à des tâches pour lesquelles il n'était pas fait.
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